Le Bouddhisme : la cinquième religion de France

Publié le dimanche 18 août 2013 à 17:44

Les statistiques de l’Union Bouddhiste de France sont là pour le prouver : avec près de 2,5 millions d’adeptes en Europe, dont près de 800.000 rien qu’en France, la religion du Bouddha a plus que le vent en poupe en Occident. Et pourtant, nul n’aurait pensé il y a encore une quarantaine d’années, lorsque les premiers échos de ce courant spirituel d’origine asiatique se firent entendre en France, grâce à la venue de moines réfugiés politiques, que la religion ou la philosophie (c’est selon) de la voie de la Sagesse aurait reçu un accueil aussi favorable de la part d’un peuple rompu à une tradition judéo-chrétienne aux antipodes des préceptes bouddhiques des décennies plus tard ! Il faut noter tout de même que les ¾ de la population bouddhiste en Hexagone sont d’origine asiatique et que les congrégations au sein desquelles ils sont regroupés sont pour la plupart répertoriées en tant que congrégations religieuses par les administrations françaises.

L'expansion du Bouddhisme en Europe et en France trouve sa cause dans plusieurs phénomènes sociopolitiques, situés à différentes échelles. Sans doute, l'une des premières causes du succès de cette religion réside dans les activités de prosélytisme de certains milieux intellectuels, entreprises au début des années 70 et qui ont ouvert la voie à la venue de bon nombre de spécialistes de l'enseignement bouddhique qui ont jeté des bases solides pour l'enracinement de cette spiritualité. Ainsi en fût-il, et pour ne citer que lui, du milliardaire anglo-saxon Bernard Benson qui, après s'être converti au début des années 70, avait usé de son influence et de sa richesse pour accueillir des moines tibétains dans sa résidence située en Dordogne et pour les inciter à pratiquer leur philosophie et à l'enseigner aux sympathisants.

Les recettes du succès du Bouddhisme en France

Plusieurs paramètres expliquent le succès fulgurant de la pensée bouddhiste dans l'Hexagone. Le premier part sans doute de la crise des religions monothéistes dans le pays et notamment la crise du christianisme. En effet, si l'on en croit l'UBF (l'Union Bouddhiste de France), la plupart des pratiquants et adeptes sympathisants de la Voie de la Sagesse en France sont tous d'origine chrétienne. Déçus et insatisfaits, tous ont abandonné leur religion d'origine pour trouver dans le Bouddhisme des réponses à bon nombre de leurs questions existentielles. Emprisonnées par le carcan d'une institutionnalisation à outrance, les Eglises chrétiennes ne répondent plus à l'heure actuelle au besoin de spiritualité tangible et vivante recherchée par les fidèles et que la religion bouddhiste offre à tous ses adeptes.

D'autre part, reposant sur l'idée d'une diminution, voire une éradication de la souffrance et de l'insatisfaction humaines, le Bouddhisme a su séduire sans difficulté une société en proie aux tourments de la société de consommation (chômage, angoisses, dépression, …). Là encore, des spécialistes de la question religieuse au CNRS ont pu démontré qu'une bonne partie des pratiquants de ces « nouvelles religions » étaient dans des situations psychologiques ou professionnelles difficiles avant d'adhérer à leur nouvelle spiritualité. Enfin, les contestations montantes face à la déception de nos standards politiques (socialisme, capitalisme) ont été également à l'origine de cette ruée massive vers la philosophie religieuse bouddhique.

Les différentes couches sociales séduites par le Bouddhisme en France

Le Bouddhisme a su séduire à l'heure actuelle quasiment toutes les couches de la société française. En effet, qu'il s'agisse de cadres supérieurs hautement qualifiés, ou de membres moins influents de la classe ouvrière et de la classe moyenne, tous ont succombé aux sirènes de la pensée bouddhique. Néanmoins, des études poussées, menées par des chercheurs ont démontré une prépondérance notoire des conversions, notamment chez les professionnels des milieux médicaux et paramédicaux. Une situation trouvant son explication dans la doctrine de base de la philosophie bouddhiste qui tend à éradiquer toute forme de douleur et souffrance en ce bas monde. Par ailleurs, ces études ont démontré que les principales couches sociales concernées par ces adhésions étaient essentiellement citadines. Enfin, il est à noter qu'en France, près de 60 % des adeptes du Bouddhisme s'avèrent être des femmes.

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